Thierry Schmitter, paraplégique et sportif émérite, s’entraîne régulièrement à Montgenèvre aidé par les moniteurs ESF de cette station franco-italienne.
Toujours plus avide de sensations fortes, il a relevé un nouveau défi mercredi 19 Mars, celui de se confronter à « La Plane » : hors-piste mythique de Montgenèvre.
Pour réaliser cette performance, il a été accompagné par des moniteurs ESF bénévoles de la station.
Mercredi dernier, le temps est au beau fixe depuis le début de la semaine et la température est très élevée pour la saison. Pour une fois, ces conditions climatiques trop clémentes et printanières ne sont pas de bons augures pour réaliser une sortie en randonnée.
Le rendez-vous est tout de même fixé mercredi à 13h sur le front de neige avec une équipe réduite de moniteurs pour procéder aux essais de tractage du matériel de ski assis de Thierry.
Les peaux de phoque sont collées aux skis des trois moniteurs, chacun équipé d’un baudrier et de mousquetons pour pouvoir s’accrocher à une longe, elle-même fixée sur le fauteuil ski de Thierry.
Après plusieurs mètres de montée sur le front de neige pour tester le tractage, étudier la façon dont le fauteuil se met dans l’axe, estimer la force nécessaire, donner des repères à Thierry pour trouver son équilibre…, la petite troupe décide d’expérimenter « l’attelage » en condition réelle dans les vallons de la Doire.
Heureusement depuis la fin de la matinée, un vent frais c’est levé et les conditions de neige sont meilleures que les jours précédents. Arrivée au sommet du Rocher de l’Aigle, les conditions sont bien meilleures que prévues.
Après une concertation des quatre acolytes, la décision est prise de tenter le défi !
« Nous n’étions que trois personnes pour tracter Thierry au lieu de la dizaine prévue au départ, puisque nous n’étions pas surs de pouvoir effectuer la sortie. Il y a environ 300 mètres de montée pour accéder au sommet de la Plane depuis les vallons de la Doire et malgré le dénivelé, nous avons décidé de tenter le coup » explique Patrick Veyre, moniteur esf à l’origine de l’aventure.
« Je suis impressionné par la détermination que ces hommes avaient à m’aider à accomplir mon ambition et ma performance personnelle » déclare Thierry Schmitter.
La technique du tractage s’affine sur le terrain, chaque difficulté rencontrée est vite résolue par une rapide discussion entre les quatre hommes. Les prises de décisions sont communes et rapides, les conversions deviennent un jeu d’enfant… Complicité, confiance et compétence sont de mises dans cette petite expédition.
Après environ une heure d’effort, les quatre skieurs arrivent au sommet. « Ils ont dû tracter pas loin de 90 kg, entre mon poids et l’équipement de ski assis, de vrais « bêtes » », dixit Thierry en remerciant Patrick Veyre, Yann Estienne et Bruno Pleindoux, avec un grand sourire.
Une fois au sommet, voir les massifs et le village de Montgenèvre d’une façon différente, se retrouver à la cime d’une montagne sans « sortir » d’une remontée mécanique, « j’avais l’impression d’être en montagne comme il y a 15 ans ! » raconte Thierry ému.
Après un repos bien mérité, vient le temps de la descente. Il faut passer un premier couloir, un endroit assez exposé et Thierry avoue retrouver ses sensations de montagnard…
Ce skieur dans l’âme redécouvre cette « montagne grisante » et la descente est « une grande partie de plaisir ». La pente est soutenue, environ 30 à 40% et la descente pas loin de 700 mètres de dénivelé.
Thierry évoque une sensation de « liberté et une autonomie retrouvée en montagne » alors que ce n’est plus pour lui quelque chose de spontané.
« Le sportif de haut niveau est assez individualiste car basé sur ses performances et ses résultats… Là, j’avais besoin d’autrui. Leur aide, leur engagement envers moi m’aidera à être meilleur par la suite ! » conclut Thierry.
Mais après cette première expérience, ce sportif de haut niveau en veut toujours plus !
Alors pourquoi pas un nouveau défi l’hiver prochain avec l’ascension du Grand Charia ou du Rocher Charnier ?
A suivre...